La mort annoncée des agences bancaires ? L’exception française !
Dans un contexte de challenge profond du modèle de la banque de détail, la question du maillage des réseaux d’agences bancaires fait régulièrement l’objet de questions et analyses en France visant à démontrer la nécessité de réduire leur nombre. La crise sanitaire, en ayant notamment donné un nouvel élan à la banque à distance, à l’usage du canal digital et du self care, accentue la question de la nécessité de rationaliser les réseaux bancaires.
Dans ce contexte, certains établissements en France, notamment les réseaux privés, ont déjà engagé un mouvement en ce sens, avec des réductions entre 10 et 20% du nombre d’agences opérées ces dernières années. L’annonce des réflexions sur un rapprochement des enseignes Société Générale et Crédit du Nord, avec un impact attendu sur le réseau physique combiné, constitue un nouveau signe de cette tendance et confirme que ce mouvement de restructuration se poursuit.
On demeure toutefois loin des niveaux observés ailleurs en Europe, jusqu’à -50%, et la France compte de l’ordre de deux fois plus d’agences bancaires par habitant que la moyenne des autres pays européens. Les banques ont à notre sens de bonnes raisons de vouloir conserver un réseau, même important, à côté de leurs centres de relation à distance et du canal digital :
La question essentielle du pilotage omnicanal de la relation client par la valeur client
En revanche – et peut-être plus que la question de leur nombre ? – il nous semble que la question du réseau d’agences doit s’inscrire dans le cadre d’une réflexion plus large sur le dispositif omnicanal dans son ensemble, en s’inspirant par exemple de ce qui a été réalisé d’autres secteurs, comme celui des Telecoms par exemple.
Ainsi il nous semble nécessaire d’adopter une démarche qui permette de répondre notamment aux questions suivantes sur le service à apporter au client :
La ligne de crête entre satisfaction client et diminution des coûts … objectifs bien heureusement très facilement réconciliables
Cette démarche repose notamment sur la mise en place d’indicateurs financiers, notamment de « cost to serve », de chiffrage des investissements à prévoir pour la digitalisation des processus d’une part, et d’autre part de données sur la satisfaction clients / NPS sur les différents parcours et canaux. Ainsi, on peut disposer d’éléments quantitatifs qui :
Les outils et la data au service du développement d’un modèle « physical » performant
D’autres éléments de fond sont de nature également à favoriser dans la durée cette approche et la création de valeur apportée par celle-ci, notamment par le biais du recours à l’usage optimisé de la donnée :
Enfin, il nous semble que cette démarche, en plus de contribuer à la meilleure efficacité opérationnelle du dispositif, s’inscrit aussi dans la transformation plus profonde du modèle bancaire nécessaire à terme, mais qui risque d’être longue à mettre en œuvre, compte tenu de la problématique de « convergence » évoquée plus haut. Cette transformation implique notamment une réflexion sur le rôle du conseiller et du dispositif commercial en agence, par rapport au service client à distance et au canal digital, également amenés à évoluer, pour mieux délivrer le « service personnalisé » demandé par les clients. La mise en place d’un pilotage plus resserré du dispositif omnicanal nous semble aller dans le sens de cet objectif, dans un contexte où les banques veulent tendre vers un modèle « phygital » plus optimisé, étape probablement nécessaire avant peut-être celle de la banque beaucoup plus digitale à plus long terme.
Laure Lemaignen, Directrice Associée PMP