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La crise du COVID-19 va-t-elle soutenir le développement de l’assurance à la demande ?

By 18 décembre 2020Publication

Le confinement a bouleversé nos comportements en tant qu’assurés. En effet, le nombre de trajets et les kilomètres parcourus se sont réduits ; nous n’avons jamais passé autant de temps dans notre logement aussi bien pour nos loisirs que pour le travail. Ces changements ont eu des impacts directs sur certains risques réduisant le nombre d’accidents auto, les vols et les incendies mais a contrario accroissant le risque d’accidents domestiques.

Cette période a eu un effet de prise de conscience des assurés sur leurs primes d’assurance. A l’image de l’appel de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir qui sollicite une diminution des primes d’assurances Auto/Moto. Au-delà de l’absolue nécessité pour les assureurs d’être plus pédagogue sur le fonctionnement de l’assurance et la mutualisation des risques, il est intéressant de noter que les assurés ont montré une forte attente de prime plus compréhensible, plus juste et plus flexible. Les offres d’assurances à la demande vont-elles bénéficier de la sortie de crise ?

L’assurance à la demande, est-ce véritablement la réponse ?

 

Sur le papier, l’assurance à la demande, c’est effectivement la promesse de bénéficier d’une assurance de manière ponctuelle pour protéger un bien à un moment précis et pouvoir y mettre un terme en quelques clics. Avec ce type d’assurance éphémère, les assurés peuvent mieux gérer le coût de leur protection en la faisant jouer dans les circonstances les plus utiles.

Ses premiers pas remontent à 2012 aux États-Unis avec la naissance de la startup Trov. Ces offres se sont ensuite développées dans l’Hexagone avec des acteurs comme Valoo, Tulip pour les objets du quotidien (smartphones, appareils photo, vélo, kite surf), Wilov ou encore Leocare pour l’assurance automobile et habitation. Les grands assureurs et courtiers s’y essayent également, à l’image du courtier grossiste April qui a lancé la plateforme Objhey dédiée à l’assurance d’objets « passions ».

Cependant, les assurtech ayant tenté de démocratiser l’assurance à la demande ou à l’usage sur le marché français peinent toujours à trouver un modèle économique viable. Contrairement aux assurances traditionnelles qui prélèvent des mensualités ou annualités, les acteurs de l’assurance « on demand » récupèrent quelques euros pour une ou deux journées et n’ont aucune récurrence de revenus. Plusieurs assurtech ont d’ailleurs stoppé l’assurance des petits objets du quotidien pour se concentrer sur le marché auto ou les flottes d’entreprises pour capter des primes plus importantes.

Et si demain, l’assurance à la demande devient une complémentaire d’une garantie assurantielle de base ?

Aujourd’hui, le principal frein au développement de l’assurance éphémère sur le long terme reste la très faible masse assurable qui ne permet pas aux assureurs d’atteindre le juste équilibre entre mutualisation et personnalisation. La faible progression de l’usage du smartphone dans les achats de la vie quotidienne en Europe, manière efficiente de distribuer ce type de garanties, constitue un second frein important. Enfin, ce type d’assurance est plus sujet au risque d’antisélection même si l’utilisation des données et des solutions mobiles permet aujourd’hui de mieux anticiper ce risque.

Et si la réponse se retrouve entre les deux mondes ? En effet, le confinement n’a pas fait disparaître le risque de l’assuré mais l’a fait évoluer. Aujourd’hui, il est facile dans d’autres pays d’activer ou non ses options au sein d’un contrat habitation en fonction de sa présence ou non par exemple. L’assuré peut ainsi activer une garantie de vol dans son contrat d’habitation lorsqu’il est en voyage et la désactiver à son retour. Une option peut également être ajoutée lorsqu’il réalise des travaux de rénovation…

Aujourd’hui, l’assurance à la demande n’est qu’une partie de la solution qui effectivement peut répondre à un besoin de flexibilité de l’assurance classique. Cependant, pour réussir sur le long terme, le produit doit être rentable pour l’assureur et apporter de la valeur à l’assuré. L’assurance éphémère peut trouver toute sa place en complément de garantie de base si celle-ci répond à un besoin ponctuel d’un assuré et apporter ce besoin de personnalisation qui manque aujourd’hui aux produits classiques.

RHALID BOUAKHRIS
Rhalid Bouakhris
Senior Consultant PMP

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