Augustin de Romanet, serviteur de l’Etat aux valeurs entrepreneuriales, et Sébastien Henry, auteur et entrepreneur empreint des philosophies méditatives, nous ont livré un dialogue passionnant sur la nécessité de se détacher des préoccupations quotidiennes pressantes afin de réfléchir à l’essentiel.
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Dans le « présent asphyxiant » de la pression quotidienne supportée par les chefs d’entreprises, pleine de deadlines et d’objectifs de court terme, il est nécessaire pour les décideurs de prendre du recul pour distinguer l’essentiel de l’important ou de l’urgent. Augustin de Romanet et Sébastien Henry l’ont exprimé tour à tour, en encourageant les décideurs à se réserver des temps de réflexion, soit individuellement par des pratiques de retour sur soi inspirées des méditations spirituelles, soit en dialoguant avec des personnes qui ne ressentent pas la pression du quotidien et peuvent les challenger en apportant une vision plus globale ou une ouverture à d’autres modes de pensée et d’organisation.
Il s’agit en fait de « recaler son GPS », comme l’explique Augustin de Romanet, de sortir des préoccupations quotidiennes pour vérifier que le cap général est conservé. Dans le même temps, la prise de recul permet de mieux anticiper des évolutions très impactantes pour une entreprise, en décelant des signes qui peuvent paraître anecdotiques mais dont l’analyse peut donner l’intuition d’un changement majeur sur le marché. Pour être en mesure de prendre le recul nécessaire à cette démarche, trois qualités clés sont nécessaires. Le décideur doit allier la modestie d’accepter de se laisser challenger, à la conviction profonde de pouvoir faire quelque chose d’utile, et au courage de prendre acte de ces idées ou de ces convictions. A ces trois qualités de la modestie, du courage et de la conviction, il ajoute un principe : ne jamais arrêter de travailler.
Augustin de Romanet a poursuivi en nous expliquant que le rôle du dirigeant est proche de celui d’entraîneur de football : en effet, le dirigeant doit selon lui : donner du sens en montrant le but à atteindre, recruter les meilleurs joueurs (ce qui doit occuper une grande partie du temps du dirigeant) et organiser le jeu pour faire circuler le ballon et atteindre le but.
Pour ensuite communiquer sa vision du cap défini et engager ses collaborateurs, il est important de donner à chacun sa place : en évitant une hiérarchie trop pesante, il s’agit de permettre à chaque individu de valoriser les personnes qui travaillent pour lui et les inciter à réaliser leur potentiel.
Augustin de Romanet et Sébastien Henry sont bien conscients de l’enjeu majeur pour les jeunes générations de trouver un sens à leur travail, et attirent l’attention des décideurs sur la nécessité d’intégrer pleinement cette dimension pour avoir une chance de capter les éléments les plus talentueux des jeunes diplômés. Comme l’exprime l’importance croissante de l’entreprenariat social à la sortie d’école, la renommée d’une grande entreprise ne suffit plus et les jeunes diplômés veulent agir en réponse aux enjeux majeurs d’aujourd’hui, en travaillant dans une structure qui respecte leurs convictions pour l’environnement ou la justice sociale, par exemple.
