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Comment le secteur de l’assurance réagit à la crise sanitaire ?

By 7 April 2020April 5th, 2024publications

Actuellement, plus de 300 000 entreprises employant plus de 5 millions de salariés ont recours au dispositif de chômage partiel. L’activité de service des institutions financières a permis à une grande majorité d’acteurs de ce secteur de poursuivre leurs activités et, pour la plupart, de ne pas avoir recours pour le moment aux mesures gouvernementales de chômage partiel.

Les communications des acteurs du secteur sont globalement convergentes car ceux-ci ont en général suivi les recommandations de leurs instances représentatives ; dans le secteur de l’assurance par exemple, FFA, FNMF et CTIP.

Les institutions financières comme dans beaucoup d’autres secteurs, ont enclenché leur PCA, dispositif prévu pour faire face à une situation à risque et garantir tant la sécurité et la santé des salariés que la continuité de leurs activités et le service à leurs clients. A noter que dans le secteur de l’assurance, l’AMRAE a mis gratuitement à la disposition des acteurs du secteur, son guide PCA (disponible ici).

Les premières prises de paroles et actions concrètes des acteurs ont été vers les collaborateurs afin de répondre à l’urgence sanitaire avec des mesures à destination des salariés et des agents. Beaucoup d’entreprises indiquent avoir repris les différents dispositifs activés lors des mouvements sociaux de décembre et janvier, consistant à autoriser les personnes dont le poste s’y prête à pratiquer le télétravail. Les mesures de confinement ont poussé à élargir encore plus ces dispositifs : la mise à disposition massive de VPN, d’accès à des serveurs distants et de matériel informatique (PC portables, écrans) a permis à une très large majorité de salariés de poursuivre leurs activités. On estime aujourd’hui que les acteurs ont réussi à mettre plus de 80% de leurs salariés en télétravail.

La seconde phase de communication a été orientée vers les clients, soit par leurs espaces clients, leurs courriels ou sur les réseaux sociaux, ceci afin de conserver la proximité avec eux et les rassurer. De plus, contrairement aux banques qui ont gardé leurs agences ouvertes, les assureurs ont fermé les leurs ce qui les a contraints à déporter la totalité de leurs activités et l’accompagnement de leurs clients via le téléphone et plus généralement les outils digitaux. Il était donc indispensable d’informer les clients et de leur expliquer comment ils peuvent garder le contact avec eux.

Il a fallu également préciser et donner un éclairage aux assurés sur l’impact de la situation quant à leurs couvertures d’assurance, par exemple en cas de chômage partiel ou d’arrêt de travail dû à la garde d’enfants.

En troisième phase, les assureurs ont annoncé plusieurs mesures de solidarité.

  • Dons de masques aux soignants
  • Report de paiement des cotisations
  • Continuité des garanties même en cas de retard de paiement ou le report des contentieux et des mises en demeure
  • Contribution financière de 200 millions d’euros annoncée par la FFA, afin d’abonder le Fonds de solidarité mis en place par les pouvoirs publics en faveur des TPE et des Indépendants.
  • Paiements immédiats des factures fournisseurs en attente
  • Mise en place de cellules de soutien psychologique pour les clients
  • Mise à disposition d’un service d’assistance juridique, fiscale, social et financière
  • Mise à disposition d’applications qui proposent des activités physiques adaptées en période de confinement.

Enfin de nombreux acteurs ont également communiqué pour rassurer les marchés sur leurs solidités financières tout en étant soutenus par les régulateurs. Par exemple, l’ACPR accorde de la souplesse sur les reporting prudentiels qui vont bénéficier de délais supplémentaires.

Au-delà de toutes ces dispositions, de nombreuses questions restent posées : par exemple l’indemnisation des TPE en perte d’’exploitation, thème sur lequel la FFA a communiqué en indiquant que dans le cadre d’une pandémie, le secteur n’avait pas les moyens et la surface nécessaire pour prendre en charge un tel risque. Un régime de catastrophe sanitaire sera-t-il mis en place à l’issue de la crise ? On notera, qu’en Chine, l’autorité de régulation chinoise (CBIRC) a mis en place une assurance destinée à couvrir les pertes d’exploitation subies par les entreprises suite à la propagation du Coronavirus : la province du Hainan a ainsi pris la décision de subventionner à hauteur de 70% la prime d’assurance due par certaines entreprises considérées comme clés.

Se posent enfin d’autres interrogations sur l’évolution de la sinistralité ; on observe par exemple en assurance auto, une baisse de 80% des sinistres (à cet égard, la MAIF a pris l’initiative de redistribuer 100 millions euros à ses sociétaires en les incitants à faire un don des sommes récupérées à des organismes d’entre-aides). Par ailleurs en assurance santé, on constate une forte diminution des prestations et dans le même temps un recours accru au service de téléconsultation des plateformes proposées par les assureurs. A contrario, il est très probable que la sinistralité en prévoyance augmente très sensiblement. Economies d’un côté, charges supplémentaires de l’autre, il est évident que les assureurs auront aussi à faire face à un défi technique.

 

Jean Levoir & Rhalid Bouakhris