Dans le cadre de son cycle de conférences d’innovation managériale, PMP Strategy a organisé un déjeuner conférence le 24 mai 2023 autour du sujet : « Transformation et concurrence, quels enjeux ? La stratégie de la SNCF »
L’ouverture à la concurrence vient rebattre les cartes du marché ferroviaire en France et bousculer le fonctionnement de l’entreprise historique en situation de monopole, la SNCF. C’est le changement structurel le plus important pour la SNCF depuis sa création.
C’est dans ce contexte que Jean-Pierre Farandou, salarié du groupe SNCF depuis 1981, accède à la présidence en 2019. Le rôle n’est pas de tout repos, comme ce dernier le rappelle, qui plus est avec l’arrivée du Covid quelques mois seulement après sa nomination. En parallèle, le changement de nature juridique des activités du Groupe, d’EPIC vers Sociétés Anonymes, implique de repenser leurs fonctionnements.
Une ouverture à la concurrence, dans quel but ? Parce que ça marche, selon Emmanuel Combe, économiste et vice-président de l’Autorité de la Concurrence entre 2012 et 2022, pas uniquement pour les nouveaux entrants mais aussi pour les entreprises déjà en place. La concurrence, qui doit être encadrée avec des règles du jeu équitables pour tous les compétiteurs, oblige les entreprises à repenser leur business model et proposer de meilleures offres pour les clients.
Jean-Pierre Farandou aime à rappeler que la concurrence n’est pas quelque chose de nouveau pour le groupe SNCF. Déjà présente au sein de Geodis et Keolis, qui représentent environ 50% du chiffre d’affaires du Groupe, elle est nouvelle pour le trafic des passagers uniquement. L’arrivée de Trenitalia entre Paris et Lyon et Transdev entre Nice et Marseille en sont les meilleurs exemples.
Qu’en attendre ? Dans un marché en croissance, la concurrence bénéficie tout d’abord aux consommateurs qui voient d’une part, une baisse des prix sur les marchés en accès-libre, et d’autre part, une amélioration de la qualité de service. L’occasion pour Emmanuel Combe de citer de nombreux exemples où l’ouverture à la concurrence a œuvré en ce sens. Mais pas que. La concurrence amène aussi de l’innovation ; nécessaire pour les insiders afin de se maintenir, et différenciant pour les outsiders afin de pénétrer le marché.
Outre les détails techniques, l’arrivée de la concurrence implique d’accompagner les salariés du groupe SNCF dans les transformations de leur entreprise. À son arrivée, Jean-Pierre Farandou a constitué une nouvelle équipe autour d’un projet commun en redéfinissant sa vision stratégique 2030 : « TOUS SNCF ». Son objectif : redonner du sens avec une ambition partagée par tous. En pratique, mise en responsabilité des managers, décentralisation des décisions et formation des salariés sont les ingrédients clés d’une ouverture à la concurrence réussie.
Contrairement aux idées reçues, l’ouverture à la concurrence ne dégrade pas le social au profit de la compétitivité des entreprises, au contraire, témoigne Emmanuel Combe. Les salariés en profitent aussi. En 2023, pour attirer de nouvelles recrues, le groupe SNCF met en avant sa raison d’être : « Agir pour une société en mouvement, solidaire et durable ». Cette contribution à la vitalité de la société et de ses territoires constitue le premier levier d’attractivité. Au-delà, la richesse du parcours professionnel et l’accompagnement résolument humain tout au long de la vie professionnelle à la SNCF sont des atouts inscrits dans l’ADN de l’entreprise.
Une meilleure offre pour les clients et des enseignements bénéfiques pour les entreprises, voilà ce que l’on peut attendre de l’ouverture à la concurrence du marché du transport ferroviaire des passagers en France.
Jean-Pierre FARANDOU
Président-Directeur général du groupe SNCF
nous a dit comment se transforme la SNCF et se prépare aux enjeux de demain.
Emmanuel COMBE
Économiste, auteur de « Chroniques décalées d’un économiste »
nous a apporté son regard sur les enjeux de la concurrence dans le secteur ferroviaire et comment il est possible de s’inspirer d’expériences d’autres secteurs et autres pays.
Un débat animé par : Gilles Martin, Senior Advisor PMP Strategy et Caroline PONAL, Associée du Pôle Transport & Mobilité de PMP Strategy.