Jean-Paul Bailly nous a décrit ses philosophies du management au moment de grands changements et transformations nécessaires dans le Groupe La Poste.
Jean Staune nous a montré comment les mutations qui s’annoncent sur le plan des nouvelles formes de management sont étrangement et finalement si logiquement liées à notre compréhension humaine des sciences.
Retour sur cette conférence
La Poste est un modèle d’entreprise hybride qui a tout du service public avec son lien social et ses ancrages territoriaux mais elle a aussi tout d’une très grande entreprise privée avec ses 20 milliards d’Euros de CA, ses 300 k employés, ses 3 grands métiers et ses structures filialisées. La Poste est la 1ère entreprise de France en terme de valeur ajoutée, elle représente 1% du PNB français.
JP Bailly nous a appris que diriger La Poste nécessite à la fois d’être passionné par le service public et par l’entreprise mais aussi de savoir exercer le pouvoir, être capable de prendre des décisions structurantes, surtout en situation difficile. Il a souligné lors de cette conférence l’importance d’une gouvernance exemplaire qui doit accompagner l’exercice du pouvoir.
La Poste, c’est aussi une entreprise dont les activités cœur (courrier) sont en fort déclin et qui a l’obligation de se transformer et de se moderniser.
La Poste s’est construite autour d’un système de valeurs qui font ce qu’est La Poste aujourd’hui (Service Public, nécessité de la performance durable, place du client, changement innovation et développement dans le respect de qualité du modèle social). La transformation n’est pas une option pour le Président Bailly mais elle doit se faire « sans se renier », ce qui signifie en s’adaptant. S’adapter c’est s’adapter au contexte, au marché dans le respect des parties prenantes (clients, actionnaires, salariés et syndicats, élus territoriaux et partenaires). Cet équilibre des parties prenantes est une règle de vie à s’imposer quitte à être capable de dire « non » si cet équilibre se trouvait en danger.
La Poste s’est fixée comme ambition de devenir le leader européen des services de proximité en s’appuyant sur la confiance et les métiers de La Poste (La Banque Postale, le Courrier, Le Colis et la compétence de distribution de l’Enseigne). Cela passera notamment par des partenariats extérieurs à l’image de Groupama dans l’assurance, SFR dans le mobile et Société Générale dans le crédit conso. JP Bailly nous a aussi rappelé l’importance du sens, de la vision qui doit être donnée par le management à tous les niveaux de management de l’entreprise.
Sur ce terrain, il est rejoint par Jean Staune, qui compare le rôle du dirigeant à celui de la membrane des cellules. Celle-ci assure la cohérence, le bon fonctionnement, elle ne prend pas forcément les décisions mais s’assure que celles-ci soient prises dans de bonnes conditions.
Concernant l’évolution des modes de management, Jean Staune en fait une analyse originale en la juxtaposant aux évolutions de la science. Il nous enseigne que nos sociétés sont passées d’une ère moderne à une ère de la post-modernité. La vision moderne est celle déterministe, mécaniste et réductionniste qui visait le projet de pouvoir décortiquer au maximum la réalité pour la comprendre, la maîtriser et pouvoir l’anticiper (préalable essentiel au fonctionnement du capitalisme- « pour investir, j’ai besoins de savoir si mon investissement sera productif »). Cette étape de la modernité est en train de s’écrouler au profit d’une vision post-moderne intégrant des éléments plus globaux de la réalité (environnement par exemple, climat, etc.) et entrainant des changements dans les modes de management et de nouveaux modèles dont on voit déjà des manifestations (chez Gore, Bestbuy ou encore Wholefood).
…et surement à La Poste.