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Un enjeu plus important que l’éolien et le solaire pour la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre

Pour évoquer la transition énergétique les medias évoquent souvent le développement des énergies renouvelables solaire et éolienne. Quelle doit être leur part dans le mix futur ? Faut-il raccourcir les délais d’installation ? Sont-elles moins chères que le nucléaire ? etc.
Rappelons qu’il s’agit ici de production d’électricité et que dans un pays comme la France où le nucléaire et l’hydraulique sont censés représenter plus des 3/4 de la production, ce développement consiste à décarboner quelque chose qui l’était déjà.
Un autre thème est moins souvent évoqué, celui de la chaleur. Plus de 40% de la consommation énergétique des bâtiments tertiaires et résidentiels est d’origine fossile et vise à produire le chauffage et l’eau chaude sanitaire pour un total de près de 400 TWh, soit environ l’ensemble de la production électrique nationale.
La question de la décarbonation de la chaleur est donc un enjeu majeur pour la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.

Panorama des principales technologies disponibles

Le chauffage électrique : bien connu des Français, consommant une électricité majoritairement décarbonée, a fait des progrès technologiques importants en termes de confort. Il est en revanche très cher en substitution d’un circuit d’eau chaude et son développement poserait rapidement des problèmes de sécurité d’approvisionnement.

Les réseaux de chaleur : adaptés aux zones très denses, sont promis à un développement important dans les centres- villes si les aides publiques (essentiellement le Fonds Chaleur) accompagnent cette tendance. Par ailleurs, la décarbonation de leur production de chaleur est loin d’être achevée et suppose un développement combiné de centrales à biomasse, d’incinération de déchets, de géothermie et de récupération de chaleur fatale ce qui rendra leur développement complexe.

Les pompes à chaleur aérothermales : bénéficiant d’un fort soutien public, relativement peu onéreuses et capables de climatiser le logement l’été (réversibilité), elles connaissent une très forte croissance dans l’habitat individuel ou la construction neuve. Elles ont néanmoins du mal à assurer 100% des besoins de chauffage lors des périodes de grand froid et peuvent être difficiles à intégrer dans les bâtiments anciens.

La biomasse : considérée comme énergie renouvelable par la réglementation, sa combustion est néanmoins émettrice de CO2 et l’extension de son usage pourrait rapidement poser des problèmes d’approvisionnement pour ne pas consommer plus de ressources que celle qui est naturellement produite. Par ailleurs, elle pose souvent des problèmes d’acceptabilité des riverains. Son usage est adapté à l’alimentation de réseaux de chaleur à l’échelle d’une ville, d’un quartier ou a minima d’un grand ensemble de bâtiments (CHU, ZAC, …) même si les poêles à bois connaissent aussi un fort développement en chauffage d’appoint.

La géothermie : technologie la moins développée à date c’est pourtant celle qui propose les meilleurs rendements énergétiques et qui assure la plus grande décarbonation de la chaleur. La géothermie de surface est en particulier déployable sur plus de 90% du territoire et peut assurer la climatisation en complément du chauffage. Elle reste néanmoins chère à déployer, un plan géothermie vient d’être annoncé par le gouvernement pour soutenir son développement.

La nécessité d’agir sur de multiples fronts

Comme nous pouvons le voir, il n’y aura pas de réponse unique pour substituer les moyens fossiles de production de chaleur.
Néanmoins quelques pistes d’actions apparaissent déjà clairement et ouvrent d’importantes opportunités de marché qui vont favoriser l’arrivée de nouveaux entrants :

  • Une action à concevoir localement : afin d’exploiter les ressources locales, d’associer les parties prenantes, de concevoir les solutions en lien avec les spécificités du territoire
  • Un besoin de soutenir les investissements en combinant les aides publiques (fonds chaleur) et l’appel aux investissements privés souhaitant se rémunérer sur une offre d’énergie « As A Service »
  • Une capacité à concevoir des solutions hybrides pour couvrir les besoins avec la combinaison optimale des technologies
  • Une plus forte utilisation de la data et de l’intelligence artificielle pour optimiser le dimensionnement des installations et leurs coûts de fonctionnement

Philippe Angoustures, Partner Energie & Décarbonation de l’Industrie chez PMP Strategy

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